Nos lectures de TINTIN

De plus en plus régulièrement, quand la production BD se fait massive et ne joue que sur l’agression commerciale et le toujours plus - à savoir sortie de tomes inutiles pour séries qui n’en finissent plus, de nouveaux cycles, de saisons, de bonus plus idiots les uns que les autres, pages de croquis, DVD qui d’un coup permettent de multiplier par 2 ou 3 le prix de la BD et j’en passe, bref tout ce qui amène le lecteur assidu au ras le bol - j’aime me retourner vers mes grands classiques. C'est-à-dire vers ces œuvres, où on pouvait raconter une histoire compléte et pourtant non bâclée en un album, sans ajouter mystères sur mystères qui ne connaîtront jamais de résolutions, pour artificiellement pousser à la pérennité d’une série.
Parmi ces classiques, se trouve pour moi en première position Tintin, c’est toujours avec plaisir que je reprends un album pour le relire, avec une constante impression de le redécouvrir. Je pense ne pas être le seul à ressortir ces vieux albums. Aussi je vous propose dans ce sujet de nous parler de vos relectures de Tintin (ou premières lectures pour ceux qui commenceraient cette série), sous forme d’une petite chronique personnelle par album lu, et essayer de nous dire ce que vous y avez trouvé, ce que vous avez aimé relire, ce qui peut vous y agacer aussi, un détail qui vous avait échapper jusque-là, ou dont vous ne vous souviendriez pas. En gros faire un petit état sur votre dernière relecture de tel ou tel album. Et pas grave si plusieurs personnes chroniquent les mêmes albums, au contraire, c’est ce qui peut nous permettre de nous éclairer et aborder des albums de façon différente. L’intêret de ce sujet étant d’être purement subjectif.

Je commence avec l’Affaire Tournesol, que j’ai lu ce matin au réveil. Pouvais plus dormir, plutôt que de rester là à me tourner dans tous les sens, j’ai donc ressorti ce vieil album tellement relu que les cahiers commencent à partir.

Il s’agit là en fait de mon album favori de Tintin. Certainement parce que petit, c’était celui dans lequel je rentrais le plus facilement (même si j’aimais aussi les autres albums), certainement par son esprit course-poursuite très rythmé, son humour plus marqué que dans les autres Tintin, et par son esprit espionnage presque à la James Bond, dont j’ai toujours été un amateur. J’aimais tellement cet album, que chaque année, en été en vacances vers Annecy, je traînais mes parents à Genève pour aller faire un tour dans le hall du Cornavin (il faudrait un jour que j’y passe une nuit, dans la chambre 122 au 4ème étage).
Donc ce matin, je me replonge dans cet album, avec l’idée en tête que ces temps je n’ai vraiment rien lu d’emballant en bande dessinée (ou peu), que je supporte de moins en moins le fonctionnement par cycles inutilement longs, ou l’emballage dans une action ou une violence de pacotille. Et le choix de cet album (presque par dépit au départ, ne sachant trop quoi lire) ne pouvait finalement tomber mieux. Ici en une soixantaine de pages, on a une aventure qui parcoure 5 pays, une histoire d’espionnage, un dictature de l’est, une guerre froide, des résurgences d’expériences de la seconde guerre mondiale, une poursuite en hélicoptère et en bateau, des poursuites en voiture, en moto, une évasion en char, une maison qui explose, un séjour à l’hôpital, une bouteille de vin suisse descendue au goulot, des bouteilles de champagne dans tous les coins, des hectolitres de lait répandus sur la chaussées, une baston au Fly-Tox, un sparadrap qui passe de main en main, un casse-pieds envahissant, un opéra, une planque vaudevillesque dans une penderie, et on peut continuer l’inventaire tellement il se passe de choses. Et ce sans que ce soit jamais trop. Finalement, c’est là qu’on voit le génie de la narration et la raison pour laquelle un Tintin reste un grand classique de la bande dessinée. Aucun évènement de l’album n’est gratuit. Rien n’arrive abruptement sans à-propos, aucune transition n’est abrupte, aucun évènement reste incompréhensible. Les ressorts peuvent paraître parfois classiques, mais pourtant ils sont toujours justement réglés, et la narration ne connaît aucune pesanteur. Chaque case amène l’autre, tout coule de source. Et en plus dans cette immense course-poursuite après Tournesol et ses ravisseurs, Hergé arrive aussi à ménager des pauses pour nous faire souffler, quand Tintin et Haddock arrivent à Genève il prennent 4 cases pour descendre de l’avion. Ca peut paraître énorme quand on pense à tout ce qu’il doit encore arriver dans l’histoire, et je ne parle pas des séquences humoristiques qui parsèment le récit, la scène de stop et le plongeon dans la mare, les apparitions de Lampion etc. On les voit même prendre leurs billets d’avion. Et Hergé prend même le temps parfois de nous faire un petit résumé de la situation par la bouche de Tintin. Bref cet album me paraît être d’un équilibre parfait. Une narration fluide et un seul album pour une histoire finalement dense et bien finie. Et ça fait du bien le samedi matin à 7h.

Moi je dors le samedi matin, mais pour moi, rien de mieux que Tintin au pays des Soviets.
en N°2 , les changements de versions entre les différentes rééditions...Y a-t-il d'aileurs un ouvrage qui fait le catalogue du politicalement correct d'Hergé ?

Le seul que j'ai lu jusqu'à présent était Tintin en Thaïlande... mais les éditions pastiches sont en général plagié à maintes reprises... non ?

Je repense notamment à l'édition qui a tourné sur ce forum pour duplicata à 50 exemplaires.

J'ai vu celle-ci sur ebay, qui note à 50 ex. ... qu'en pensez-vous ?


Et ne vous battez pas

Tintin, série redécouverte grâce aux Fac-simile...
autant je n'arrivais à relire que le temple du soleil, rackham le rouge et l'ile mystérieuse, autant ce n'etait plus que par doses légères.
pourquoi ? je ne sais pas vraiment
toujours est-il que les fac simile ont reveille mon interet dans cette série, qui meme si elle ne figure pas dans mes preferees restent un modele de construction efficace. ok, le fs c'est plus cher, mais aussi beaucoup plus chouette à manipuler, une petite reliure, un papier correct, bref une belle maquette, cela suffit pour moi.

et tout comme cheech, je pense que la surenchère actuelle m'a définitivement renvoyé aux classiques, d'où très très peu d'achats en nouveautés (bon, je complète les anciens machins, mais ca ne durera pas).

humm, c'est encore une fois très déstructuré, dsl.

Syndicien : j'en pense qu'on attend toujours une quelconque proposition pour les duplicatas dont tu parles. Le Buzz devait s'en charger, mais je ne sais pas ce qu'il en est au final...

De quoi parlez-vous ???

de rien...

Messer a écrit:

et tout comme cheech, je pense que la surenchère actuelle m'a définitivement renvoyé aux classiques, .

Tout pareil. L'impression que quand on a une idée, on l'exploite au maximum sur des dizaines de pages.
Dans les classiques, on a de la densité et c'est génial.
On hésite pas à en mettre trop.

Que pensez-vous de l'aspect "Work in Progress" continuel des aventures de Tintin? Si Hergé n'était pas décédé, je pense qu'il aurait été possible qu'il retravaille une fois de plus certaines des aventures.
Est-ce que par exemple pour vous les versions couleurs de l'Ile Noire sont-ils des crimes en regard de la version originale? (On a ien fustigé Lucas pour les retouches de ses Star Wars)
Pour ma part, je peux par exemple lire 2 versions de l'oreille cassée à la suite, et ne pas me dire que je lis la même BD. C'est assez étonnant. J'accepte finalement quelque chose chez Hergé, que je n'accepterais pas forcément ailleurs. Pourtant certaines modifications chez Hergé changent fondamentalement la perception de l'histoire, comme par exemple les 2 versions de l'or noir. J'aimerais comprendre ce phénomène d'indulgence.

Il y a un élément important, c'est que les versions d'avant, on ne les a découvert que beaucoup plus tard, à l'âge adulte.
Je ne sais pas si nous aurions accepté cela aussi facilement en "live".

J'ai toujours connu, petit, un tintin qui semblait ancré dans la réalité. Puis adulte, j'ai découvert les vieilles versions, ça avait un côté plus.

Star Wars, on a connu la première version. Faire une version modifié, ça m'a un peu dérangé, mais bon, tant que c'est l'auteur.
Par contre, je me demande comment les jeunes qui ne connaissent que les versions modifiées, réagiront plus tard s'ils découvrent les versions originelles.